Reinette Girard
63 Rue Paradis, 13006 Marseille, France
 

Thérapie des états du Moi et IFS


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La thérapie des états du Moi et la thérapie IFS (Internal Family Systems) sont deux approches thérapeutiques qui partagent des similarités mais s’inscrivent dans des traditions distinctes.

Ces deux thérapies cherchent à explorer et intégrer les multiples facettes de la personnalité humaine à travers la compréhension des différentes parts ou états internes qui coexistent en nous.

Cependant, leurs concepts, techniques et objectifs diffèrent légèrement. Voici un aperçu comparatif de ces deux approches.

"Dans la maison de l’âme, chaque pièce est un état du moi ; ouvrir la porte à chacun, c'est laisser la lumière guérir les ombres de notre intérieur."

La Thérapie des États du Moi (Ego States Therapy)

La thérapie des états du Moi a été développée par John and Helen Watkins dans les années 1960. Elle repose sur l’idée que chaque individu possède des états distincts de personnalité (ou “états du Moi”) qui se manifestent dans des situations spécifiques de la vie quotidienne.

Ces états représentent des parts psychologiques qui interagissent avec l’environnement et influencent la perception, l’émotion, et le comportement.

Qui étaient ils ?

John G. Watkins (1913–2012) et Helen H. Watkins (1921–2002) étaient un couple de psychologues américains, tous deux professeurs, chercheurs et cliniciens spécialisés en hypnose, traumatologie et psychologie clinique.

Ils sont surtout connus pour avoir développé ensemble la thérapie des états du Moi (Ego States Therapy), une approche novatrice qui a profondément influencé le travail avec les traumatismes et les dissociations.

Héritage et postérité

Leur travail a influencé de nombreux courants :

  • Les approches intégratives et humanistes

  • L’IFS (Internal Family Systems) de Richard Schwartz, qui reprend la logique des parts internes

  • Les pratiques contemporaines de psychothérapie du trauma, de l’attachement, ou encore de l’hypnose conversationnelle

John G. Watkins a continué à enseigner et publier jusqu’à un âge avancé. Leur héritage reste très vivant dans les communautés thérapeutiques anglophones.

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Concept clé : Les états du Moi

Un “état du Moi” est un ensemble d’émotions, de pensées et de comportements associés à une expérience particulière de l’individu. Par exemple :

  • Un état du Moi enfant peut correspondre à des émotions vulnérables, innocentes ou ludiques.
  • Un état du Moi parent peut être autoritaire, protecteur ou directif.
  • Un état du Moi adulte est centré sur la rationalité, la prise de décision et la gestion du quotidien.

But de la thérapie des états du Moi :

  • Reconnaître, dialoguer et intégrer les différents états pour permettre à la personne de mieux comprendre et réguler ses comportements.
  • La thérapie permet de réconcilier des parties conflictuelles de soi, comme un état du Moi enfant blessé et un état du Moi adulte protecteur qui peut devenir trop dominant.

Le modèle IFS (Internal Family Systems)

Le système familial interne (IFS) a été développé par Richard Schwartz dans les années 1980.

Le modèle IFS repose sur l’idée que l’esprit humain est constitué de différentes parts internes, que Schwartz décrit comme les “membres de la famille interne”. Chaque part a un rôle spécifique, et elles interagissent souvent de manière complexe.

Concept clé : Les parts internes

Les parts internes sont des facettes de la personnalité qui émergent en réponse aux expériences passées et aux besoins émotionnels non satisfaits.

Il y a généralement trois types principaux de parts :

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  • Les protecteurs : Ces parts ont pour rôle de protéger l’individu des blessures émotionnelles. Ils peuvent être des parts de gestion (qui tentent de contrôler les émotions ou comportements) ou des parts exécutantes (qui évitent les situations traumatiques ou douloureuses).
  • Les exilés : Ces parts portent les émotions et souvenirs non intégrés du passé, souvent des souffrances enfouies issues de traumatismes.
  • Le Self : Au cœur du modèle IFS se trouve le “Self”, une partie centrale, sage et calme qui peut guider et réconcilier les autres parts en souffrance.

But du modèle IFS :

  • Intégrer et guérir les parts internes en les réconciliant grâce au Self.
  • Clarifier et résoudre les conflits internes, en permettant à l’individu d’entrer en relation harmonieuse avec ses différentes parts internes, notamment les parts protectrices et les exilés.
  • La thérapie IFS repose sur l’idée que chaque part a une intention positive, même si elle agit parfois de manière dysfonctionnelle.

Est-ce que ce sont vraiment des parts de moi… ou est-ce que je suis en train de me fabriquer quelque chose ?"

"C’est une excellente question, et elle est très fréquente. Ce que l’on appelle des ‘parts’ en IFS ne sont pas des entités séparées ou imaginaires, mais plutôt des aspects de toi-même, des états psychiques ou émotionnels qui se sont organisés autour de certaines expériences de vie. Tu ne les inventes pas : tu leur donnes simplement une forme plus claire pour pouvoir les écouter, les comprendre, et les accompagner. En fait, on vit tous avec ces parts — quand tu dis ‘une part de moi veut avancer mais une autre a peur’, tu es déjà en train d’exprimer ce fonctionnement. L’IFS ou es états du Moi ne fabrique rien, elle met juste en lumière ce qui est déjà là, parfois de façon implicite ou inconsciente.’’

Comparaison des deux approches

Critère Thérapie des États du Moi IFS (Internal Family Systems)
Concept central États distincts du Moi (enfant, parent, adulte) Parts internes (protecteurs, exilés, Self)
Origine John et Helen Watkins (années 1960) Richard Schwartz (années 1980)
Objectif thérapeutique Intégrer et réguler les états internes conflictuels Réconcilier les parts internes et intégrer le Self
Approche principale Travail sur les comportements et les émotions Dialogue avec les parts internes et activation du Self
Interaction entre les parts Parfois plus structurée entre des états “adulte” et “enfant” Toutes les parts, y compris le Self, interagissent
Focus sur le Self Moins explicitement défini que dans l’IFS Le Self est central et guide le processus thérapeutique
Approche émotionnelle Plus centrée sur le régulation des émotions et des comportements Guérison des parts en permettant au Self de guider
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  • ‍Exemple clinique inventé pour illustrer :

Exemple 1 : Thérapie des états du Moi Marie, 45 ans, a des difficultés à s’affirmer dans sa vie professionnelle. En explorant ses états du Moi, elle réalise que son état du Moi enfant se sent impuissant et craint le jugement, tandis que son état du Moi adulte devient autoritaire et distant pour se protéger. En équilibrant les deux états, Marie apprend à accueillir son enfant intérieur tout en permettant à son adulte de s’affirmer avec bienveillance.

Exemple 2 : Thérapie IFS Jean, 38 ans, vit des crises de colère fréquentes qu’il n’arrive pas à contrôler. En IFS, il découvre qu’une de ses parts protectrices (un “protecteur critique”) cherche à éviter la douleur liée à un événement traumatique de son enfance. En activant son Self et en dialoguant avec ce protecteur, Jean parvient à comprendre la fonction de cette colère et à la réguler.

En résumé :

Les états du Moi et IFS partagent une vision similaire du psychisme humain : un ensemble de parties internes en interaction.

Cependant, l’IFS va plus loin en introduisant le concept de Self, un espace de guérison et d’harmonie qui permet de réconcilier les parts. Tandis que la thérapie des états du Moi reste plus centrée sur les comportements et les états affectifs de l’individu à différents moments de sa vie.

Chacune de ces approches offre une méthode puissante pour mieux se comprendre et se réconcilier avec soi-même. Le choix de l’une ou de l’autre dépendra des préférences du patient et des spécificités de son parcours thérapeutique.

Les limites de la thérapie des états du moi ou l’IFS (Internal Family Systems)

Modèle exigeant pour les patients très dissociés

  • Les personnes avec des troubles dissociatifs sévères (ex : TDI, traumatismes précoces massifs) peuvent avoir du mal à identifier, différencier ou dialoguer avec leurs parts, surtout si l’accès au Self est bloqué.

  • Le risque est que certaines parts prennent le contrôle ou refusent le dialogue, créant plus de confusion que d’apaisement.

Nécessite une capacité d’introspection

  • cette thérapie demande que le patient soit capable de :

    • Ressentir et nommer ses émotions

    • Identifier des "parts" internes

    • Rester dans une position d'observation bienveillante (le Self)

  • Pour les personnes très intellectualisées ou très coupées de leurs émotions, ce travail peut être difficile à initier sans un long accompagnement préalable.

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Risque de simplification ou surinterprétation sans se soucier de l'histoire du patient

Comme d'autres approches psychothérapeutiques, les états du Moi ou l’IFS (Internal Family Systems) restent  des outils puissants et efficaces, à condition d’être utilisé avec discernement. Il est essentiel de l’inscrire dans un cadre thérapeutique plus large, incluant un espace de parole contenant et structurant.

Sans cette articulation avec une relation thérapeutique verbale, le risque est de tomber dans des surinterprétations, ou de se focaliser excessivement sur certaines parts, au détriment d’une vision globale de la personne.

Le travail avec les parts doit s’accompagner d’un accompagnement clinique solide, permettant de relier les vécus internes à une histoire, un sens, et une inscription dans la réalité psychique et relationnelle du patient.

Comment la thérapie des état du moi ou l'IFS peut s’intégrer dans une psychothérapie ou une psychanalyse intégrative

L’IFS ou les états du Moi peut parfaitement s’intégrer dans une démarche de psychothérapie ou de psychanalyse intégrative, en tant qu’outil ponctuel ou fil conducteur selon les besoins du patient. Utilisée avec subtilité, elle permet d’accéder à certaines zones de souffrance psychique difficiles à verbaliser directement, en facilitant le dialogue avec les "parts" protectrices, exilées ou blessées.

Dans une approche intégrative, l’IFS peut servir de passerelle entre le langage du corps, des émotions et celui de la parole, en ouvrant un espace d'expression interne plus symbolique.

Cette méthode peut également s’articuler avec des concepts psychanalytiques, comme les formations de l’inconscient, la conflictualité interne ou la notion de sujet divisé, en éclairant autrement les dynamiques intrapsychiques. L’important reste de ne pas réduire la personne à une addition de parts, mais de garder une vision globale, incarnée et évolutive du sujet, dans un cadre thérapeutique contenant, ancré dans la relation transférentielle.


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